Le Front National, parti politique présidé par Jean-Marie Le Pen jusqu’en 2011 puis par sa fille Marine Le Pen, a été fondé en 1972 dans le but de regrouper toutes les tendances de l’extrême-droite française, notamment l’Ordre Nouveau et le Parti des forces nouvelles. A ses débuts, l'extrême-droite reste groupusculaire. De plus, en 1981, J-M Le Pen n'obtient pas les 500 « parrainages » obligatoires à la candidature pour les élections présidentielle. C'est en 1988 qu'il y parvient et recueille 14,4 % des suffrages. Entre temps, Le Pen participe pour la première fois à l’émission L’Heure de Vérité en 1984 : le FN commence à se manifester dans les médias et il est de moins en moins marginalisé. Sa popularité s'accroît lentement mais sûrement sous la présidence de François Mitterrand. Puis, en 1995, alors que Jean-Marie Le Pen recueille près de 15% des suffrages à la présidentielle, un Marseillais, Ibrahim Ali, est abattu par des colleurs du Front National. Trois mois après, Brahim Bouaram meurt noyé, poussé dans la Seine par des skinheads participant à une manifestation du FN. Ces évènements ont conforté l'image raciste et violente de ce parti favorable à un pouvoir autoritaire. Mais cela n'a pas empêché le FN de remporter les villes d’Orange, Marignane et Toulon aux municipales de la même année. On peut donc constater que certains sont séduits par cette politique alors qu'elle en rebute d'autres.
Un pas de plus est franchi par le Front National aux présidentielles de 2002 lorsque son président est présent au second tour. Cela a incité la majorité des électeurs (82%) à voter pour Jacques Chirac, parfois contre leurs convictions, pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen.
En 2012, Marine Le Pen décroche 17,9% des voix aux présidentielles. Pourtant, seulement deux députés sont élus aux législatives trois mois plus tard : Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen. Cette-dernière est d'ailleurs la candidate FN en région PACA pour les régionales de 2015.
Et enfin en 2014, le FN remporte 12 villes aux municipales et 24 députés sont élus députés européens.
Ces dernières années l'adhésion aux idées du FN se fait plus grande dans la population française et les récents évènements n'ont pas manqué d'amplifier la popularité du Front National et ses ambitions pour les élections régionales de 2015. En effet, l'idée de changement ainsi que celle selon laquelle les étrangers prendraient le travail des Français, ceci dans un contexte de crise, séduit la population. Un climat de peur s'ajoute à cela, à la suite des attentats. Ainsi le désarroi d'un grand nombre de Français s'est transformé en conviction à mesure qu'ils ont constaté une certaine incapacité des partis en place à répondre à leurs attentes.
C'est pourquoi Marine Le Pen avait-elle assuré avant le premier tour : « Nous pouvons arriver en tête dans quatre ou cinq régions ».
A la fin du premier tour des élections régionales le 6 décembre, le FN est bel et bien en tête dans six régions et se place au niveau national devant Les Républicains et le Parti Socialiste.
Durant l'entre-deux-tours, dans certaines régions, la gauche s'est retirée pour « faire barrage » au FN. Cela a sans doute marché puisqu'aucune région n'est remportée par le Front National. Mais par conséquent, des conseils régionaux sont dépourvus de conseillers de gauche.
Le Front National a pour principaux projets de rétablir le franc, de ramener la retraite à 60 ans, de réduire l’immigration légale de 200 000 entrées par an à 10 000 entrées, d’interdire la double nationalité hors pays européens, et au niveau régional, d'instaurer une politique de tolérance zéro et créer une police régionale des transports, de geler le niveau des taxes régionales, de supprimer toutes les subventions aux associations communautaires et d’accueil des clandestins. Cette ambition du FN s’appuie sur « un profond amour de la France », qu’il veut libre, indépendante de l’Union Européenne et « protégée des assauts migratoires et économiques ». Sa volonté est d’ailleurs de « s’occuper des nôtres avant les autres dans notre région comme dans notre pays », d’après Jacques Colombier, candidat FN aux élections régionales de 2015, en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes.
Mais la principale volonté du FN est bien sûr d’arriver au pouvoir et d’exercer une politique basée sur le mécontentement de la population. C’est pour cela que l’on peut qualifier la fonction du parti d’extrême droite de « thermomètre » de la République. Il permet de lire le degré de « fièvre » de la population mais pas de « soigner ». Il n’y a pas d’idéologie derrière cela mais des solutions qui répondent à des instincts. De ce fait, le débat est difficile et seul le niveau de colère de la société est exprimé. On voit bien là les limites du Front National en tant que parti prétendant au pouvoir.
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