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African Dream

La situation des migrants est au cœur de l'actualité. Chaque jour ou presque, nous entendons parler de centaines d'individus fuyant la guerre et la misère dans l'espoir d'une vie meilleure. Mais on ne parle pas assez de ceux qui reviennent vivre dans leur pays après avoir réussi leurs études ou leur vie professionnelle à l'étranger.


Aujourd'hui, de plus en plus d'Africains reviennent dans leur pays d'origine, persuadés de pouvoir participer à une économie en constante évolution.

C'est tout particulièrement le cas de nombreux Nigérians, formés aux Etats-Unis ou en Europe.

A Lagos, les personnes de 30 à 40 ans qui ont obtenu un MBA à Paris, à Londres ou aux Etats-Unis, avec un double passeport et plusieurs années d'expérience en Europe ou outre-Atlantique et qui rentrent ensuite au pays sont appelés les « repats ».


Ngozi Dozie, ex-banquier d'affaires chez J.P Morgan à New York, est revenu au pays il y a trois ans. Grand amateur de café, il s'est rendu compte avec stupéfaction que son pays « carburait toujours au Nescafé ».

Ce jeune homme, ambitieux spécialiste de la reprise d'entreprises en difficulté a racheté six petites sociétés au bord de la faillite, et s'inspirant de la grande marque américaine Starbucks, il a créé Neo, établissement dans lequel il propose de nombreuses sortes de cafés.

Persuadé de réussir à bousculer les habitudes de consommation de ses compatriotes, il espère que d'ici cinq à dix ans, il y aura une cinquantaine d'établissements commme celui-ci à Lagos et il espère développer ce concept dans toute l'Afrique.


Son frère, Chijioke Dozi, ex-banquier d'affaires lui aussi, également revenu des Etats-Unis, est désespéré de constater que pour un Nigérian de la classe moyenne, il est impossible de faire un emprunt auprès des grandes banques du pays.

Il a donc décidé de créer One Credit, une société de microcrédit.

Pour lui le Nigéria est un pays intéressant pour tout ce qui concerne l'économie car la demande est supérieure à l'offre dans tous les secteurs : finances, nourriture, divertissement...

Et « il faut vite occuper le terrain, avant que le reste du monde débarque ».


Le Nigéria est en pleine évolution.

En effet, le Nigeria est devenu la première économie du continent en 2014 et sera en 2050 le pays le plus peuplé au monde après la Chine et l'Inde. De quoi attirer les investisseurs...

Dans ce pays de 180 millions d'habitants, les inégalités sont frappantes car plus de 100 millions d'habitants vivent avec moins de deux dollars par jour.


Mais ces problèmes ne paraissent pas si importants à ces jeunes ambitieux, comme nous l'a fait remarquer Wunika Mukan qui est à la direction de l'un des principaux centres culturels de la ville : "Peut-être sommes-nous devenus indifférents ou insensibles".

On ne peut que constater que la plupart des personnes qui reviennent au pays n'ont pas des objectifs humanitaires mais des objectifs économiques.

Yinka, un artiste qui a créé un site internet sur lequel il vend des objets de luxe le résume très honnêtement : « On est trop occupé à faire du business et à gagner de l'argent ».



Si on parle aujourd'hui d'"African Dream", c'est parce que la combativité, l'optimisme et l'inventivité dont font preuve ces jeunes entrepreneurs rappellent l'"American Dream".

Compte tenu de la croissance attendue de la population dans les années qui viennent, on peut prédire sans risque de se tromper que la réussite professionnelle les attend.

Il faut toutefois espérer que le développement économique profitera au plus grand nombre et que les inégalités iront en diminuant.

C'est alors que l'on pourra mesurer le bénéfice de leur retour.


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